Projet de soutien à la préparation à la Réduction des Émissions dues à la Déforestation et à la Dégradation des forêts (REDD+)
Contexte
Bien qu’étant un pays à faible couverture forestière, le Togo connaît un taux de déforestation classé parmi les plus élevés au monde. Or, le contexte mondial est marqué par le phénomène du réchauffement climatique dont la déforestation et la dégradation des forêts constituent quelques-unes des causes majeures. En fait, la dégradation des forêts est, pour une grande part, imputable aux mauvaises pratiques des acteurs intervenant dans la gestion des ressources forestières. On pourrait logiquement penser que ces acteurs méconnaissent importance socio-économique et environnementale de ces ressources.
Conscient de la menace que la déforestation et la dégradation des forêts font planer sur le pays, le Gouvernement togolais a décidé de formuler une stratégie préliminaire REDD+ non seulement comme une mesure d’atténuation et d’adaptation au changement climatique mais aussi comme une approche globale de développement basé sur la forêt. Cette ambition s’est matérialisée à travers le « Projet de soutien à la préparation à la réduction des émissions dues à la déforestation et la dégradation des forêts au Togo (P-REDD+) ».
Il convient de faire observer que la démarche stratégique d’exécution du programme REDD+ au Togo vise non seulement à réduire les émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts mais également à accélérer la croissance durable du pays et promouvoir l’emploi en milieu rural tout en réduisant la pauvreté. L’arbre occupe une place centrale dans cette approche stratégique.
Il serait utile de préciser que la démarche stratégique susmentionnée est en parfaite adéquation avec la vision globale du secteur forestier à l’horizon 2035 exprimée dans la politique forestière nationale. Celle-ci prône un « renforcement du processus de décentralisation, couplé à une responsabilisation éclairée des acteurs à la base par l’intégration de la foresterie dans le développement rural, par une implication effective des acteurs privés et de la société civile dans la gestion des forêts et des systèmes de production selon une approche qui conserve l’équilibre des écosystèmes et respecte les fonctions écologique, sociale et économique des forêts ». L’ambition clairement affichée est de voir le Togo atteindre une couverture forestière de 30% en 2050, ce qui lui permettrait de « couvrir entièrement ses besoins en bois-énergie, conserver sa biodiversité et assurer une protection durable des zones à risque ainsi que les habitats de faune ».
La stratégie nationale REDD+ en cours d’élaboration au Togo est sensée prendre en compte ces aspirations profondes du pays. C’est l’une des raisons pour lesquelles cette stratégie se construit suivant une approche systémique, dynamique et inclusive avec une forte implication de la société civile à travers le Conseil National des Organisations de la société civile pour le Développement Durable au Togo (CNODD).
En tant que partie prenante au processus REDD+ au Togo, le CNODD – qui regroupe en son sein l’ensemble des organisations de la société civile du Togo par le truchement des trois grandes faîtières nationales que sont la Fédération des ONG au Togo (FONGTO), l’Union des ONG du Togo (UONGTO) et la Faîtière Nationale des Réseaux Régionaux d’ONG et associations du Togo (FNRR Togo) – a déjà mené en 2016 une campagne d’information et de sensibilisation des acteurs locaux sur le thème « l’arbre, la forêt et notre vie sur terre ». Cette campagne comportait des activités médias (émissions radiophoniques) et hors médias (ateliers préfectoraux). Il serait intéressant de noter que les 35 ateliers préfectoraux organisés sur toute l’étendue du territoire ont permis de toucher au total 2141 leaders locaux issus des catégories sociodémographiques et socioprofessionnelles parmi lesquels l’on trouve les Chefs traditionnels (chefs de cantons, chefs de villages ou de quartiers), les autorités religieuses, les comités de développement à la base (CVD, CDQ, CCD), les associations et ONG de développement, les syndicats, les autorités administratives déconcentrées et décentralisées.
Quant aux émissions radiophoniques, au total 51 émissions ont été réalisées en français et en langues locales à raison de 11 dans la Région Maritime et 10 dans chacune des autres régions. Ces émissions ont été interactives.
Il faut souligner que la campagne d’information et de sensibilisation menée en 2016 a permis de recueillir auprès des acteurs locaux d’importantes recommandations dont voici les plus importantes :
- Concevoir et mettre en œuvre de façon méthodique une vaste campagne de communication pour un changement de comportement couvrant une longue période.
- Trouver une solution durable aux problèmes fonciers ;
- Trouver une solution durable au problème de la transhumance ;
- Trouver une bonne approche pour la gestion des aires protégées ;
- Rendre disponible et subventionner le gaz domestique et les autres formes d’énergies renouvelables pour en augmenter la consommation.
Il est vrai que le Gouvernement a initié plusieurs actions pour amener les populations togolaises à s’approprier l’importance socio-économique et environnementale des ressources forestières. Parmi ces actions, figurent l’organisation des campagnes d’information et de sensibilisation. Cependant, celles-ci sont souvent sporadiques, souvent davantage focalisées sur l’agriculture que sur les ressources forestières. Ces campagnes atteignent très peu de monde. Il s’ensuit que le public est sous-informé et peu sensibilisé à la question des ressources forestières. Par conséquent, il ne maîtrise pas ses droits et ses obligations se rapportant aux ressources forestières.
La situation suscite des questionnements pour comprendre la faible implication de la population et d’autres parties prenantes à une protection efficace et efficiente des ressources forestières :
- Serait-elle due à un manque de stratégie appropriée visant à impliquer les populations et les autres parties prenantes ?
- Serait-ce dû à un mauvais ciblage des acteurs ?
- La méconnaissance des textes législatifs et réglementaires ainsi que des politiques et stratégies en matière de gestion des ressources forestières en serait-elle pour quelque chose ?
Bien plus, le gouvernement togolais n’a fait réaliser, en février 2018, une étude sur l’analyse socioéconomique de la contribution du secteur forestier a l’économie du Togo, dont l’une des recommandations est de conduire une étude complémentaire en vue d’évaluer les investissements des ONG et du secteur privé dans le secteur forestier.
Tout au long de l’année 2017, le CNODD a mené des réflexions approfondies dans l’optique d’élaborer des stratégies et actions appropriées pouvant aider à répondre efficacement à ces préoccupations. Il en est résulté un plan stratégique ainsi qu’un plan d’actions dont la finalité est de contribuer à renforcer davantage la conscience écologique des populations rurales, périurbaines et urbaines des cinq régions du Togo.
Il est à noter que lors d’une réunion de validation tenue le 26 février 2018 dans les locaux de la Coordination Nationale REDD+, trois actions prioritaires issues du plan d’actions du CNODD ont été retenues pour être exécutées en 2018. Cette réunion a connu la participation des premiers responsables de la CN REDD+ et des membres du Groupe de travail ad hoc du CNODD. Les trois actions prioritaires sont les suivantes :
- Information et sensibilisation des populations togolaises sur l’importance socioéconomique et environnementale et les bonnes pratiques de gestion durable des forêts ;
- Compilation, transcription en français facile et vulgarisation des textes législatifs et réglementaires pertinents en lien avec la gestion durable des forêts au Togo ;
- Évaluation des investissements des ONG dans le secteur forestier au Togo.
Porteur du projet
Union des ONG du Togo (U.ONG.TO)
Thématique et centre (s) d’intérêt (s)
Domaines : Environnement
Objectifs
Evaluation des investissements des organisations de la société civile (OSC) dans le secteur forestier au Togo
– Campagnes d’information et de sensibilisation des populations togolaises sur l’importance socioéconomique et environnementale et les bonnes pratiques de gestion durable des forêts
– Compilation, transcription en français facile et vulgarisation des textes législatifs et réglementaires en lien avec la gestion durable des forêts au Togo
Zone d'intervention
National (les 6 régions sanitaires)
Partenaires
Conseil National des Organisations de la société civile pour un Développement Durable (CNODD) composé de l’UONGTO, de la FONGTO et FNRR.
Durée
6 mois ; 2018
Coût total du projet
46 960 695 FCFA
Financement
Banque mondiale, GIZ et REDD+